La Route du Rhum est un évènement qui rassemble plus de 2 millions de passionnés à chaque édition. Cette course est une véritable légende dans le domaine de la navigation.
Cette année, Iroko est heureuse d’avoir signé un partenariat avec William Mathelin-Moreaux et de l’accompagner dans cette aventure nautique.
I. À propos de William Mathelin Moreaux
Il y a 4 ans, William a quitté une carrière dʼarchitecte pour vivre pleinement sa passion pour la course au large. En 2018, il a bouclé la Route du Rhum en tant que plus jeune skipper de la catégorie Class40. Un premier projet réussi, qui a ouvert la voie à de nombreuses autres courses et transatlantiques telles que la Transat Jacques Vabre, dès 2019.
À 28 ans, William a décidé de se lancer un nouveau défi : la construction dʼun tout nouveau bateau : Le Dékuple. Entouré de nouveaux partenaires, ce projet va le mener sur la ligne de départ de sa deuxième Route du Rhum, en novembre prochain.
II. La Route du Rhum
La Route du Rhum a été créée en 1978 par Michel Etevenon. Depuis plus de 40 ans, cette course légendaire relie Saint-Malo, en Bretagne à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Son parcours s’étend sur une distance de 3 542 milles, soit 6 562 kilomètres. Le premier à arriver en Guadeloupe gagne la course.
Tous les quatre ans, ce sont plus d’une centaine de bateaux qui sont sur la ligne de départ.
Ce qui rend les départs depuis Saint-Malo uniques, c’est qu’un simple amateur peut participer à côté d’un navigateur professionnel et on y voit alors des bateaux de toutes sortes et de toutes tailles partir en même temps. Le record est actuellement détenu par Francis Joyon, vainqueur en 2018 de la 11e édition sur IDEC Sports en classe Ultime. Il a réalisé cette traversée transatlantique en seulement 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes avec une moyenne de 23,95 nœuds.
Le 6 novembre prochain, ils seront 138 marins à prendre le départ de la Route du Rhum 2022.
Pourquoi le nom de “Route du Rhum” ?
Il faut remonter 3 ans avant le premier départ pour comprendre pourquoi. À l’époque, Bernard Hass, secrétaire général du Syndicat des Producteurs de Sucre et de Rhum des Antilles, cherche une idée pour mettre en valeur la filière du rhum tout en se différenciant des campagnes de publicités traditionnelles. Il aura alors l’idée d'une course qui intégrerait le nom de Rhum. Le projet sera porté par un publicitaire parisien, Michel Etevenon qui rendra ce nom et cette course si légendaires.
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III. Un Class40 innovant au nom de Dékuple
Différents types de voiliers partent au départ de Saint-Malo. Du fait de leurs différences, ils ne boxent pas dans la même catégorie. Ils sont donc répartis en 6 classes différentes en fonction de leurs spécificités : Les Ultim, les Ocean Fifty, les Imoca, les Class40, les Rhum Mono et les Rhum Multi.
William disputera cette course à bord d’un Class40, un monocoque de 40 pieds (12 mètres de long).
La construction du Class40 a été lancée l’année dernière. La volonté de William et de son équipe était d’avoir un bateau polyvalent capable de répondre aux multiples difficultés rencontrées sur les océans. En effet, avoir un bateau s’adaptant à toutes les conditions météorologiques est essentiel pour atteindre les objectifs fixés et rester leader.
Le Dekuple est un bateau innovant par sa forme, la répartition des poids mais également par le choix du gréement et la forme des voiles. Il est le fruit de plusieurs années de réflexions et de navigations.
IV. Première étape : La mise à l’eau
Le Dékuple a été mis à l’eau le 30 juillet, à 100 jours du départ de la Route du Rhum. Après plus d’un an et demi de travail et des étoiles plein les yeux, notre skipper a enfin vu son bateau toucher l’eau pour la première fois ! Le convoyage a été réalisé entre Vannes et la Trinité-sur-Mer.
William peut désormais prendre le large :
« Le timing était serré pour la mise à l’eau, mais l’avantage est que Dékuple est prêt à naviguer tout de suite. Il y a encore quelques petits réglages à effectuer mais je vais pouvoir attaquer les premiers entraînements dès la semaine prochaine. Je devrais ensuite me qualifier pour la Route du Rhum ! ».
V. Deuxième étape : Les qualifications
Début septembre, à peine un peu plus d'un mois après la mise à l'eau du Class40 Dékuple, William a validé son ticket d'entrée pour la Route du Rhum.
Afin de se qualifier pour cette course mythique, les navigateurs ont pour obligation de réaliser un parcours avec leur bateau en solitaire d'au moins 1200 milles nautiques avec 120 milles minimum à réaliser au près dans des conditions de vent et de mer force 5 sur l’échelle de Beaufort et en configuration course. Cette première épreuve permet aux organisateurs de s'assurer que le skipper et son bateau sont aptes à effectuer la course et à relever les possibles épreuves qui les attendent lors de leur traversée. Pour son parcours de qualification, William Mathelin-Moreaux est parti de la Trinité-sur-Mer direction le sud de l'Irlande avant de remonter à Saint-Malo.
« La première partie s’est faite au portant avec 25-30 nœuds de vent établi et des rafales allant jusqu’à 35 nœuds, dans une mer formée. Des conditions rapides pour le bateau qui ont pas mal sollicité le matériel ! Après cette belle descente, j’ai attaqué la remontée face au vent, étape obligatoire pour valider ma qualification car nous sommes tenus par la Direction de course de parcourir au moins 120 milles au près, dans au moins 20 nœuds de vent. C’était un choix personnel de partir naviguer dans ces conditions peu confortables. En mer d’Irlande, les vagues faisaient plus de quatre mètres de haut, il ne fallait pas ralentir pour ne pas se faire balayer et garder un certain rythme. Le retour au près n’était effectivement pas très agréable, ce n’est pas la meilleure allure pour mon bateau qui a une carène plutôt plate, mais c’était le meilleur moyen de le tester dans des conditions que nous risquons de rencontrer sur la première semaine de la Route du Rhum, comme ce fut le cas il y a 4 ans. » nous a-t-il confiés.
À l'occasion de cette traversée, notre skipper a pu réaliser différentes manœuvres comme changer des voiles, tester différentes configurations et adapter ses différents réglages. Dans l'ensemble, cette course s'est très bien passée et William a pu rejoindre les 137 autres skippers qui participeront à cette traversée transatlantique.
VI. Troisième étape : Le baptême
Le 16 septembre, le Class40 Dékuple a été officiellement baptisé. Plus de 100 personnes étaient présentes aux côtés de William sur le port de la cité corsaire. Après un mot d'accueil de notre skipper et d'émouvantes paroles de Brigitte San Quirce, armatrice et marraine du navire et du PDG de la société Dékuple, la bouteille de champagne fut brisée, à l’étrave comme le veut la tradition.
VII. Quatrième étape : Le Village de la Route du Rhum
Avant le top départ de la course, William profite de ses derniers instants sur la terre ferme sur le Village de la Route du Rhum. Il peut ainsi se préparer mentalement à prendre le départ pour la deuxième fois pour cette course transatlantique. Plus d'une centaine d'invités se succèdent sur le pont du Class40 Dékuple pour encourager notre marin et visiter son bateau. À quelques jours du départ, William semble serein et détendu, soucieux de profiter pleinement de ses derniers instants à terre.
« Le bateau est quasiment au point techniquement, se réjouit-il. C’était l’objectif en arrivant à Saint-Malo, qu’il n’y ait pas de gros sujet à traiter, pas d’urgence, afin de pouvoir profiter de tout ce qui est mis en place sur le Village. »
VIII. Cinquième étape : La course
Le top départ de la Route du Rhum 2022 a finalement été donné le mercredi 9 novembre à 14h15 à cause de conditions météorologiques défavorables. 138 bateaux se sont lancés dans cette 12ème édition. William a pris un bon départ, au milieu de la flotte. Durant les premiers jours, il s'est trouvé dans le TOP 15 de la flotte Class40. La houle et les embûches ont été au rendez-vous, mais William a tenu le rythme tout du long.
Il est finalement arrivé le samedi 26 novembre à 8h38’08’’ (heure locale, 13h38’08’’ heure de Paris) à Pointe-à-Pitre en seizième position de sa catégorie. Son temps de course a été de 16 jours 23 heures 23 minutes 08 secondes.
Il revient sur son parcours avec ses quelques lignes :
« Je suis vraiment très content d’être arrivé, d’être allé au bout de cette course. On ne pensait pas que ça allait être aussi difficile, aussi tonique et aussi rythmé pendant toute la traversée. J’ai rarement fait une course avec autant d’intensité de A à Z. Il y avait un niveau général qui était énorme donc pour tenir le rythme, il fallait aussi être dedans tout le temps.
La météo a été assez compliquée et très violente pour les bateaux au début. Ça rappelait les souvenirs de 2018 mais là, l’état de la mer était très compliqué. Ce n’était vraiment pas agréable pour nos machines. Je suis ravi d’être arrivé : il y a plein de fois où la course aurait pu s’arrêter. Mais avec le soutien de tout le monde, la motivation de résoudre les problèmes un par un et d’avancer, même en mettant parfois la course de côté, ça l’a fait.« C’était passionnant au niveau sportif »Au début, il y a eu peu de plaisir. Il y en a forcément en prenant le départ de la course parce que c’est beaucoup de travail et beaucoup d’engagement d’en être. J’étais bien sur le bateau mais c’était assez étrange : je n’ai pas du tout revécu les mêmes transats que j’ai pu faire avant. D’habitude, il y a un rythme d’alizés plus cool et on a le temps de bouquiner. Sur un bateau, c’est le seul endroit où j’arrive à lire d’habitude. Là, je n’ai pas eu le temps, j’ai écouté deux podcasts et terminé ! J’ai eu très peu de moments de plénitude, j’ai beaucoup observé la mer mais il fallait être hyper attentif.
Après, c’était passionnant au niveau sportif parce qu’il fallait être à 200%. Je sais qu’il y a des moments où j’ai raté des trucs mais je me suis éclaté et je suis ravi d’être là. C’est une fierté personnelle parce que c’était un gros morceau à passer, en plus avec un bateau qu’on a développé toute l’année.
L’avenir, ce sera de ramener le bateau, faire un petit chantier et lancer l’année Transat Jacques Vabre, en double et avec ce bateau. L’idée, ce sera d’essayer d’arriver au niveau du wagon de tête ! »
IX. Les dates clés
Début août : Premiers entraînements et jauge du bateau (La Trinité-sur-Mer)
Mi-août : Parcours de qualification à la Route du Rhum
Du 14 au 18 septembre : 1e course - 40 Malouine Lamotte (Saint-Malo)
16 septembre : Baptême du Class40 Dékuple (Saint-Malo)
Du 25 octobre au 6 novembre : Village de la Route du Rhum à Saint-Malo
Mercredi 9 novembre : Départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe
Samedi 26 novembre : Arrivée de William Mathelin-Moreaux à Pointe-à-Pitre